• Dédicace de Didier Poli

    Didier Poli : " En fait, je suis un gros Geek!"

    Didier Poli est une véritable machine à dessiner qui a enchaîné les dédicaces non-stop (ou presque) aux 7 Royaumes (notre magasin préféré spécialisé dans le jeu de rôle) l’après midi du 9 mars 2007. Nous n’avons donc pas eu le temps de tourner de vidéo ! Mais heureusement, il y a Internet.

     

    Voici donc l’interview de Didier Poli :

    Présentation

    - Peux-tu te présenter ?
    J’ai 35 ans, je suis originaire de Lyon mais j’habite maintenant Paris. Je suis assez désordonné et on me dit plutôt cool et assez patient, enfin je crois.

    - Comment en es-tu arrivé à faire ce que tu fais ?
    Depuis tout petit, je dessine. Sur mes cahiers, plus tard sur mes cours, donc forcement mes parents ont fini par craquer et ont donc accepté que je me lance dans le dessin après le bac. Après avoir fait une école de dessin généraliste (Emile Cohl à Lyon) je me suis spécialisé dans le dessin animé en intégrant l’école des Gobelins à Paris. J’ai multiplié par la suite les boulots dans le dessin animé, le jeu vidéo et même le jeu de figurines.

    - Tu as aussi travaillé pour Disney… ?
    Oui, je pense que ça a été ma meilleure école. J’y ai rencontré des gens incroyables et bourrés de talents. Ça a été un vrai moteur pour moi. J’y ai en particulier rencontré maintenant des amis qui ont pris comme moi le chemin des planches : Pierre Alary, Nicolas Kéramidas, Juanjo Guarnido, Cyril Pedrosa, Virginie augustin, Georges Abolin… une expérience extraordinaire pour moi.

    - Sur quelles œuvres de Disney as-tu travaillé ?
    Un peu “Hercule” sur la fin, “Tarzan”, “Kuzco” et un peu “Atlantis”.

    - Que retiens-tu de positif ou de négatif de ton expérience chez Disney ?
    De positif, comme je l’ai dit plus haut des rencontres, l’humilité, une méthode de travail et beaucoup de bons souvenirs.
    De négatif, le coté trop hiérarchisé du travail de long métrage, des cadences de fou et un certain goût d’inachevé.

    - Envisages-tu de refaire de l’animation ?
    Je continue à en faire pas mal, c’est même ma principale activité. J’aime l’ambiance des studios et l’émulation qui se crée dans le travail d’équipe.

     

    Autour de la BD

     

    - T’as fait pas mal de trucs : de l’animation, t’as été directeur artistique pour une boîte de jeux vidéos, puis pour Rackham et là, ton dernier truc, c’est Tannhäuser. Entre l’animation, le jeu vidéo, le jeu de rôle et la BD qu’est-ce qui te tiens le plus à cœur ?
    En fait, je suis un touche à tout, j’aime bien explorer plein de trucs et me lancer des défis.
    La diversité d’activités m’a permis d’appréhender plein de domaines différents et donc de parfaire mes connaissances dans chacun d’eux. Ça me permet de toujours aller de l’avant professionnellement et de ne pas me contenter des choses que je sais faire. Quand je vois le chemin à parcourir, je me dis que c’est indispensable. La contre partie, c’est que je bosse peut être trop et que parfois je n’aboutis pas. J’ai quand même une petite préférence pour la BD et la boite de jeu que je viens de créer, pour la simple et bonne raison que ce sont les domaines où j’ai le moins de contraintes.

    - Donc tu aimes les jeux de rôle… ?

    J’ai eu une grosse période Jeux de rôles effectivement. Et puis, faute de joueurs et aussi de temps, j’ai du laisser tomber. Je reste quand même un gros joueur en particulier de RPGs (consoles et PC) qui sont vraiment pour moi une vraie drogue. Un grand gosse quoi :) Je pense qu’il faut l’être un peu de toute façon pour faire ce métier.

    - Tes influences de manière générale ?

    J’ai un style très (trop ?) Disney mais j’avoue que j’aime vraiment beaucoup ce style rond et dynamique.
    Sinon j’adore le manga comme beaucoup de gens, mais en particulier des gens comme Terada, Yuki, et les designers de Capcom.
    Je suis assez peu sensible aux comics de manière générale; à part quelques auteurs comme Adam Hugues, Travis Charest ou Madureira.
    Pour finir je suis fan absolu d’Ian McCaig, qui arrive à associer pour moi une inventivité incroyable à une maitrise du dessin qui me sidère.

    L’enfant et L’Orage

    Autour de la BD- Comment est né L’Enfant de l’Orage ?
    Un peu par hasard pour être franc.
    Je travaillais à l’époque dans une boite de jeux vidéo qui s’appelait Kalisto. La société n’allant pas très bien, je disposais de pas mal de temps libre. J’ai donc décidé de me remettre à travailler pour le jeu de rôle. Je suis allé voir le Yéti à l’époque une société qui faisait un JDR sur les métabarons. Il se trouve que la société appartenait aux Humanoïdes Associés. Mon dossier leur a bien plu et ils m’ont rapidement proposé de développer un projet. J’avoue que j’ai eu de la chance sur ce coup-là vu que je n’ai pas eu à faire toutes les démarches traditionnelles afin de signer un projet. Un coup de chance quoi :) Nous avons donc travaillé avec Manuel (scénariste de jeu chez Kalisto à l’époque) et le projet est né.


     - On sent l’influence héroïc fantasy et jeux de rôle dans cette œuvre notamment grâce à tous ces univers, ces peuples et personnages que l’on y découvre, les noms des personnages et de leur peuple… C’était voulu par ton scénariste et toi ou c’est un type d’univers dont tu ne peux te défaire ?
    J’ai, de par mon passé de rôliste, forcément une certaine affinité avec ces univers. Et puis ça laisse une liberté de création que peu d’autres thèmes offrent.
    Par contre, nous voulions faire de la fantasy différente, et sortir des archétypes habituellement inhérents à l’héroïc fantasy. Nous y avons rajouté une touche de steampunk qui est mon style préféré. D’où ces machines, et cette technologie qui ne sont pas présentes normalement en fantasy. Je dirais que L’Enfant de l’Orage, c’est plus de la “steam-fantasy”.

    - Tes influences pour la création de tes personnages anthropomorphes ?

    Le projet au départ était complètement anthropomorphe mais ça ne collait finalement pas à l’histoire et puis Juanjo et son incroyable Blacksad étaient passés par là et je pense que la comparaison n’aurait vraiment pas joué en ma faveur :D .
    Forcément, l’influence Disney se ressent dans mes dessins surtout la période où “les nine old men” géraient le studio : “Robin des bois”, “Le livre de la jungle”, “Les 101 dalmatiens”… J’avoue que j’ai beaucoup de mal à m’en sortir. Mais il y a aussi beaucoup d’autres influences comme Loisel, Wendling, Frezzato, Giraud, Franck Pé…

    - On compare parfois ton dessin à celui de Guarnido, tu dois être flatté…

    J’aimerais bien :D ! On le compare aussi régulièrement à Claire Wendling ce qui est extrêmement flatteur pour moi. Franchement, c’est très gentil mais je pense néanmoins qu’il me reste encore beaucoup de travail avant de rattraper ces gens-là. En tout cas, ce sont des “phares” pour moi qui me permettent d’avancer et qui me fixent un but à atteindre.

     

    Autour de la BD

     

    Les jeux de rôle

    - Parles nous de ton travail sur les jeux de rôle ?
    J’ai fait pas mal d’illustrations pour le jeu de rôles et beaucoup de design de figurines pour la société pour laquelle je travaillais : Rackham. Ce sont principalement des dessins en NB. La plupart sont introuvables maintenant, ce qui n’est pas plus mal.

    - Présente-nous Tannhäuser…

    Je travaille depuis plusieurs mois maintenant sur un projet de société d’édition de jeux de plateau et de stratégies.
    En fait, il y a eu un moment où je me suis dit qu’il était temps que j’arrête de travailler pour les autres et que je devrais pouvoir essayer quelque chose par moi-même. Voilà comment Take On You (http://www.takeonyou.com) est né de la collaboration avec William Grosselin et Benjamin Maillet. Après deux ans de travail acharné, nous avons donc sorti, en fin d’année dernière, nos premiers jeux : Garden Party et Tannhaüser ( http://www.tannhauser-thegame.com).
    Tannhauser est donc un jeu de plateau avec figurines dans un univers uchronique de la première guerre mondiale. Chaque joueur gère un petit commando, soit de l’union soit du reich, qui doit remplir un certain nombre de missions sur le plateau. Le jeu repose en grand partie sur un système de case original appelé “pathfinding” qui résout le problème récurrent des jeux de figurines: la portée et les lignes de vue. Chaque joueur peut personnaliser son équipe en changeant les équipements des personnages, incorporer de nouvelles recrues… Par contre ce n’est pas un jeu de figurines à collectionner ; toutes les figurines sont fournies dans la boite et vendues peintes pour conserver le coté “prêt à jouer”.
     


    Autour de la BD - As-tu travaillé sur Confrontations ? Sur quelles armées en particulier ?

    J’ai travaillé pendant presque deux ans chez Rackham sur leur jeu Confrontations où j’étais responsable artistique. Je dessinais une partie des figurines et je faisais par la suite le suivi de la sculpture et un peu de la peinture. J’étais en charge de plusieurs armées : Wolfen, Dévoreurs, Orques, Mort vivants, Barbares, Alahan, et pleins d’autres, à droite, à gauche. Je me suis aussi occupé de la supervision de leurs jeux Ragnarok et Hybrid. J’ai beaucoup appris là bas, en particulier d’Edouard, l’autre designer qui travaillait avec moi, qui est quelqu’un qui a énormément de talent.

    - Quelle a été ton implication dans ce genre de travail ? Est-ce que c’était un travail purement graphique ou, en tant que connaisseur, as-tu participé à l’élaboration des règles de jeu ?

    Je participais un peu à toutes les étapes, depuis l’élaboration du planning de sortie, le brief des rédacteurs, le design, les illustrations, jusqu’au suivi de la sculpture pour m’assurer de la cohérence de la gamme. Les gens avec qui je travaillais étant extraordinairement compétents dans leur domaine, je n’avais généralement pas grand chose à redire.

    Questions diverses

    - T’as plusieurs métiers, est-ce qu’il y en a un que tu nous caches ?
    Oui, Papa, et ça croyez moi, ce n’est pas le plus simple :) .

    - Un auteur BD que tu aimes bien…
    Claire Wendling.

    - Un livre que tu as aimé…
    Le parfum de Patrick Suskind ou Au bord de l’eau de Shi Nai-An.

    - Un film que tu as aimé…
    “L’effet Papillon” et les films de Soderberg de manière générale.

    - Ton jeu de rôle préféré…
    Warhammer, parce que j’adore son univers qui regroupe tous les archétypes de la fantasy.

    - Que regardes-tu à la TV ?
    Je regarde peu la télé, je préfère internet mais généralement des séries (”OZ”, “La caravane de l’étrange”, “Band of brothers”, “Rome”…) ou des documentaires.

    - Des hobbies/ des vices cachés ?
    Beaucoup trop de jeux vidéo, drogué d’internet… En fait, je suis un gros Geek ! J’aime le rock des années 70 (les Floyd, Genesis, Led Zep…) et le rock progressif de manière général.

    - Des projets ?
    Trop! De nouveaux jeux pour ma société, des projets de BD qui ne verront peut être jamais le jour, prendre des vacances :) .


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